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San Marco église byzantine


Sur le caractère byzantin de la basilique Saint-Marc de Venise, je renvoie à l'étude vibrante de Georges Duthuit, « Byzance et l'art du XIIe siècle » (in : Représentation et présence, Flammarion, 1974, pp. 105-159, surtout 126-129) où l'auteur écrit : « On ignore ce que c'est qu'une église avant d'avoir pénétré dans Saint-Marc. »

Extrait de BYZANCE ET L'ART DU Xlle SIÈCLE :

La cathédrale de Venise, élevée à la fin du XIe siècle, répète le plan des Saints-Apôtres de Constantinople, lequel date du VIe. Ici les bas-côtés, au lieu de compter comme dans l'église à croix grecque parmi les ressorts essentiels de l'équilibre, garnissent simplement de l'extérieur les coins vides entre les bras de la croix.


Sur le corps de l'antique modèle, des artistes appelés de Byzance ont posé les mosaïques. Aussi l'édifice nous révèle les procédés et la grandeur de l'âge d'or et cela d'une manière d'autant plus précieuse que Saint-Marc est toujours l'église favorite des Vénitiens; les artères sont ralenties mais on les sent battre encore. Le xtve siècle a gâché sur les dehors de la basilique, malheureusement, tout ce que l'Italie avait déjà accumulé de faste criard et de moulures inutiles. Son aspect initial ne peut être reconstitué qu'avec l'aide de ses soeurs de Constantinople, de Salonique et de Béotie.


Le temple classique n'était que façades, au-dedans comme au-dehors. Campé sur l'azur, il dépendait du site autant qu'il l'asservissait. Le temple byzantin, lui, se contente d'un rosier et d'une route; il s'insère dans un populeux carrefour, se creuse un nid de cyprès, se pose n'importe où l'exigent les nécessités congrégationnelles. On lui demanderait en vain ce suspens de l'esprit et du cour qui procure au poète, devant les mises en scène lapidaires de l'antiquité, de si délicieux vertiges. Bien attaché au sol, son air de santé et de haute distinction provinciale l'apparente à nos églises romanes du Centre. Le souci de l'effet n'intervient au cours des âges que pour alléger les masses et les dégager de toute surcharge parasitaire. Les volumes et les surfaces résultent nécessairement de l'ordonnance intérieure, ne dessinant sur le bloc d'ensemble -- cube ou pyramide suivant le nombre des coupoles -- que la saillie des absides et les bras du divin symbole, nef et transept. Les toits produisent naturellement à chaque extrémité le triangle ou la courbe d'un fronton. Quelques paillettes de nacre égayent parfois l'austérité de la bure; un rehaut de niches ou de colonnettes, une dentelure d'ombres soulignent les pans de briques, renforcent les masses, -- rien de plus quant au décor. Il n'y avait pas de façade à notre église. Il n'y a plus que cela maintenant. Le plâtrage n'a respecté qu'une porte. Mais en revanche l'ajout déplacé des siècles et les folles restaurations de la Renaissance n'ont pu défigurer l'intérieur de Saint-Marc.


Dès le porche, a prétendu un penseur anglais, M. S. Prichard, on assiste à l'effondrement de l'ordre classique « grâce auquel, une fois la hauteur du bâtiment donnée, tout le reste suit»(1).


Il est difficile en effet d'éprouver ici les charmes de cette géométrie qui élève, dit Psellos, représentant qualifié de la culture antique, du monde physique à la contemplation du monde suprême. Cercles déviés, verticales hésitantes, piliers de grosseurs différentes, ouvrages mineurs épars, chapiteaux hétérogènes, tout observe une symétrie des plus relatives pendant que l'abîme des coupoles, comme pressé d'une main géante de chaleur et de neige, est parcouru de larges ondes. Les galeries et les chapelles se distribuent de chaque côté de l'axe sans qu'on songe à un dédoublement car, ruisselant sur le jaspe, le porphyre et le peiné-tique, la lumière absorbe l'ossature première et la pétrit dans une structure nouvelle, maison de cristaux mouvants, de liquides et de flammes où bouge indéfiniment la balance des poids et des substances. Insaisissable temple! Chaque dôme, au gré des heures du soir ou du jour écumeux, assure ou dénoue son collier d'ouvertures. Une fournaise couve encore sous le verre des mosaïques; elle refoule les murs dans ses trous d'ombre, elle les disperse avec ses feux. Des fenêtres percent une paroi pendant que l'autre, vis-à-vis, est restée bouchée. L'homme est borgne et le Grec antique, amateur de traits réguliers s'éloignerait du difforme. D'où vient son charme? La raison du coeur a-t-elle tout ordonné? Le calcul est là pourtant, on le sait, prodigieux de subtilité et d'audace qui, détruisant l'effort par l'effort, la poussée par la poussée, déroule sur les fronts, sans supports, ce chant des sphères, mais le calcul déçoit. Ni paraphe unificateur, ni reposant équilibre. Ce ne sont qu'entrecroisements, amples courbes, ruptures, départs : une intelligence pressée de conclure et qui cherche le repos de l'équation résolue, une intelligence de mathématicien se perdrait dans les modulations de ce chef-d'oeuvre de la mathématique. Mince cordon de marbres à l'entour des surfaces polies, reflet d'un jardin frissonnant sur une plaque de chancel ou de clôture, acanthe mouillée collée au chapiteau, la sculpture s'incruste dans la moelle du temple et l'ornement nous élude, lui aussi, issu du vide autant que du marbre. Des profils impérieux, superbement tirés dans cette nef, arrêteraient le fidèle, retiendraient sa prière; les grandes vertus doriques, si noblement campées, si bien en valeur sur leur colline, si voyantes en tous lieux, la force, l'austérité, la mesure y feraient figures d'orgueilleuses... Mâtez-vous à une procession, dans Saint-Marc, un jour de Pâques ou de Noël. Vous constaterez plus tard que l'ordre de la construction était partout, ne se répétait nulle part, qu'il vous accompagnait à chaque pas du parcours, inaperçu, changeant comme la lueur des cierges; qu'il vous rejoignait au-dessous de la conscience, telle une musique complice, et que vous pouviez, grâce à ce guide magnifique, si intimement mêlé à la démarche humaine qu'on oubliait sa présence, avancer dans une vie plus large, dé 'e des évolutions, maîtriser sans le nier le souci des jours, inventer des prières, composer des hymnes.


On ignore ce que c'est qu'une église avant d'avoir pénétré dans Saint-Marc. Tant de trésors rejetés d'eux-mêmes, au service du rite! Ce luxe inouï purifié à la source du coeur!... « Saint-Marc est l'église du Graal » -- s'exaltait un poète -- « l'or y est racheté par le divin sacrifice » (2). L'or, en effet, mais aussi la profusion, l'excès, la forme, l'art, tout se délivre du prix matériel, de la valeur d'objet. Des cités ont dressé, contre les siècles, des poèmes de pierres, intangibles en leur perfection. Plus tard, la théologie suscita, en d'autres lieux, l'image de son triomphe avec des flèches lyriques, des porches flamboyants, des voûtes et des ténèbres où l'esprit se perd en symboles. A Venise, la cathédrale remplit exactement sa mission : mère, elle protège et elle dirige. C'est une créature vivante qui se pare de bas-reliefs, s'assombrit au temps du calvaire, rit de ses lampadaires aux jours de nativité. Le temple n'est plus à lui-même son commencement et sa fin. Il épouse le drame de la messe qui dure un an et chaque fête de l'homme, aux heures de jubilation ou d'inquiétude, est une étape de sa destinée. On chercherait en vain dans Saint-Marc la chose de beauté, le « delight for ever » dont on admire l'impassibilité et qui grise... Si l'antiquité classique a voulu, comme on l'assure, un art abstrait, rationaliste, idéologue; un art tourné vers l'intelligence plutôt que vers le coeur et qui, recherchant les idées pures, répugne au côté fugitif et changeant des choses, l'église de Saint-Marc n'a pas été bâtie sur la pierre de l'antiquité.



(1) Matthew Prichard fut d'abord un connaisseur dont la réputation déborda son pays natal et le fit appeler cri Amérique, où il prit une part très active à la fondation et à l'organisation d'un important musée. La conservation des vitrines d'art ne l'intéressant plus, l'esthète se tourna vers la philosophie et, brûlant ce qu'il avait adoré, élabora une doctrine fortement spiritualiste. Les deux pivots de ses études furent le bergsonisme et l'art byrantin. Nombredejeunesémdiants, avant la guerre, subirent son influence et goûtèrent le charme durable de son enseignement familier.
L'oeuvre écrite de M. Prichard se résume en la copie d'une conférence prononcée dans un salon de Mayfair et, par deux fois, répétée à Cambridge et à Oxford. Passant par-dessus les questions de faits et d'origines, l'auteur y aborde de front, en moraliste, le problème de la nature de l'art religieux.
Nous avons suivi, au cours de cet essai, le mouvement d'une pensée qui, de toujours, coïncide avec notre propre tendance. Nous n'avons pas craint, à plusieurs reprises, d'emprunter des expressions à ce maitre volontairement méconnu.
(2) Dans son Voyage du condottiere, André Suarès a bien senti le caractère anti-classique de Saint-Marc et a traduit son impression avec ses procédés coutumiers d'éloquence.

  1. Merci pour ce texte sur la spécificité de l'art byzantin. Vue ainsi, la Basilique est beaucoup plus intéressante, car elle souffre de la comparaison avec les églises baroques.

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