Un lieu charmant de Venise dont j'avais annoncé la rénovation par la fondation Pinault, vient d'être ouvert, à l'occasion de la Biennale.
Article dans Le Monde, jeudi 6 juin 2013, par Harry Bellet
Le tout beau «Teatrino» de Tadao Ando
C’est un petit miracle de grâce, d’harmonie des proportions, d’audace tranquille dans l’usage des courbes et des contre-courbes, et une réalisation exemplaire quant à la qualité des finitions: le «Teatrino» qui jouxte le Palazzo Grassi, à Venise, vient d’être restauré par l’architecte japonais Tadao Ando, également responsable de l’aménagement des deux autres lieux occupés le long du Grand Canal par la fondation de François Pinault, le Palazzo Grassi et la Pointe de la Douane.
Une telle réussite, qu’on en oublierait presque de voir ce à quoi elle est destinée: le lieu accueille des conférences, des spectacles, des concerts et, durant la Biennale, des films d’artistes: jusqu’au 14 juillet sont projetés The Snorks: a Concert for Creatures, de Loris Gréaud, Marylin, de Philippe Parreno – l’un et l’autre également montrés à la Pointe de la Douane– et 1395 Days Without Red, d’Anri Sala, qui représente la France à la Biennale. L’accès est gratuit et la salle de 225 places des plus confortables.
Luminosité exceptionnelle
Mais, quel que soit l’intérêt des films, on en revient, comme aimanté, à la fascination qu’exerce le bâtiment, à sa luminosité notamment, exceptionnelle dans une ville où les intérieurs sont généralement très sombres. Comme si l’architecte avait retrouvé l’esprit du lieu au temps où il s’agissait d’un jardin, avec ses serres, plus tard transformé en théâtre en plein air.
Le jardin, c’était en 1857, à l’initiative du baron Simeon De Sina, un banquier grec alors propriétaire du Palazzo Grassi attenant. Le théâtre, lui, y fut implanté en 1949, modifié en 1961 pour le doter d’un toit rétractable, qui fonctionna jusqu’en 1983, date à laquelle le lieu fut abandonné et tomba progressivement en ruine. François Pinault le trouva dans la corbeille lorsqu’il obtint en 2005 la concession du Palazzo Grassi, mais donna la priorité à la rénovation de ce dernier. Puis à celle de la Pointe de la Douane, qu’il obtint de haute lutte contre le Guggenheim Museum, également intéressé par le lieu. Ce n’est qu’au printemps 2011 que Tadao Ando put s’atteler au «Teatrino».
L’architecte a conservé, en la restaurant, l’enveloppe extérieure du bâtiment, un trapèze de 1000m2, en faisant enduire les murs d’un produit traditionnel à base de chaux. La même technique est utilisée à l’intérieur, ce qui confère à l’ensemble, malgré la différence de style entre le dehors et le dedans, une unité remarquable.
Harry Bellet (Venise, envoyé spécial)
Le tout beau «Teatrino» de Tadao Ando
C’est un petit miracle de grâce, d’harmonie des proportions, d’audace tranquille dans l’usage des courbes et des contre-courbes, et une réalisation exemplaire quant à la qualité des finitions: le «Teatrino» qui jouxte le Palazzo Grassi, à Venise, vient d’être restauré par l’architecte japonais Tadao Ando, également responsable de l’aménagement des deux autres lieux occupés le long du Grand Canal par la fondation de François Pinault, le Palazzo Grassi et la Pointe de la Douane.
Une telle réussite, qu’on en oublierait presque de voir ce à quoi elle est destinée: le lieu accueille des conférences, des spectacles, des concerts et, durant la Biennale, des films d’artistes: jusqu’au 14 juillet sont projetés The Snorks: a Concert for Creatures, de Loris Gréaud, Marylin, de Philippe Parreno – l’un et l’autre également montrés à la Pointe de la Douane– et 1395 Days Without Red, d’Anri Sala, qui représente la France à la Biennale. L’accès est gratuit et la salle de 225 places des plus confortables.
Luminosité exceptionnelle
Mais, quel que soit l’intérêt des films, on en revient, comme aimanté, à la fascination qu’exerce le bâtiment, à sa luminosité notamment, exceptionnelle dans une ville où les intérieurs sont généralement très sombres. Comme si l’architecte avait retrouvé l’esprit du lieu au temps où il s’agissait d’un jardin, avec ses serres, plus tard transformé en théâtre en plein air.
Le jardin, c’était en 1857, à l’initiative du baron Simeon De Sina, un banquier grec alors propriétaire du Palazzo Grassi attenant. Le théâtre, lui, y fut implanté en 1949, modifié en 1961 pour le doter d’un toit rétractable, qui fonctionna jusqu’en 1983, date à laquelle le lieu fut abandonné et tomba progressivement en ruine. François Pinault le trouva dans la corbeille lorsqu’il obtint en 2005 la concession du Palazzo Grassi, mais donna la priorité à la rénovation de ce dernier. Puis à celle de la Pointe de la Douane, qu’il obtint de haute lutte contre le Guggenheim Museum, également intéressé par le lieu. Ce n’est qu’au printemps 2011 que Tadao Ando put s’atteler au «Teatrino».
L’architecte a conservé, en la restaurant, l’enveloppe extérieure du bâtiment, un trapèze de 1000m2, en faisant enduire les murs d’un produit traditionnel à base de chaux. La même technique est utilisée à l’intérieur, ce qui confère à l’ensemble, malgré la différence de style entre le dehors et le dedans, une unité remarquable.
Harry Bellet (Venise, envoyé spécial)
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