Venise, 1573 : la Sainte Inquisition se penche sur le cas de Véronèse, et d'un de ses tableaux monumentaux, une Cène dans la maison de Simon, peint pour le réfectoire du couvent San Giovanni e Paolo. " Sa notoriété était telle qu'il ne risquait pas le bûcher, mais on sent qu'il a beaucoup travaillé ses réponses. Il est très fin, mais en même temps il n'abdique rien de sa liberté artistique ", remarque Marie-Hélène Vignes (avocate, passionnée de la propriété littéraire et artistique, raconte dans Les Procès de l'art (Editions Palette, décembre 2013).
Au dernier repas du Christ et de ses apôtres, le peintre a ajouté une foule de personnages, des bouffons, des lansquenets ivres, et un chien. Au tribunal qui lui demande de décliner sa profession, il répond : " Je suis peintre, et je fais des figures. " A la question de cette profusion de personnages que ne mentionnent pas les textes bibliques, il rétorque : " Le tableau est grand et pouvait contenir de nombreuses figures ", avant d'ajouter : " Nous, les peintres, nous nous accordons les mêmes licences que s'octroient les poètes et les fous… "
On lui demande de remplacer le chien par Marie-Madeleine. Il refusera de retoucher son tableau et s'en tirera par une pirouette en le débaptisant, pour le renommer Le Repas chez Levi.
Harry Bellet
© Le Monde
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