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Revoir Venise

La Sérénissime inspire à l'écrivain Samuel Brussel un petit livre flamboyant

Métronome vénitien
de Samuel Brussell,
Grasset, 160p., 16,90 Euros.


Article publié par Vincent Roy dns le Monde des livres du 31 mai 2013

        Le pendule de Samuel Brussell oscille autour d’un point: Venise. Le métronome de ce musicien subtil est une petite machine qui règle la mesure de ses souvenirs – et dont le balancier stabilise le mouvement entre passé et présent.

        Chaque temps est une histoire. La cadence de la langue de Brussell vise, c’est sa gageure, l’équilibre, l’harmonie entre ce qui surgit et ce qui fait signe tant il est vrai, ainsi que l’a montré Proust, que la mémoire nous présente le passé dans le présent «sans le modifier». C’est, en quelque sorte, cette permanence de l’esprit (et du coeur) que Brussell rend lorsqu’il écrit : «Je revins à la même saison. C’était le temps de l’après-Toussaint, comme aux premiers jours du siècle, quand j’étais arrivé par le train de nuit qui partait de Genève et s’arrêtait en gare de Nyon.»

        Après neuf ans loin d’elle, l’auteur de Musique pour les vivants (Grasset, 2007) retrouve la Sérénissime et la pension des Zattere où il vécut. Et le souvenir de ceux qu’il fréquenta jadis : une faune d’émigrés russes de la «quatrième vague» dans la ville après l’effondrement du régime soviétique. A l’époque, confie-t-il, « j’étais dans la meilleure compagnie qui fût pour mettre ma vie personnelle dans la perspective nouvelle de l’histoire présente. C’est par l’attachement affectif que l’on vit sa vie –au travers de la langue, du climat et des couleurs du ciel, de l’eau, de la pierre. J’avais soif d’une langue qui fît lien, qui reflétât mon existence dans ses teintes». Les teintes dont parle ici Brussell sont des nuances de temps.

        Le voici maintenant qui déroule, grâce à sa mémoire, le programme de son Métronome vénitien : « Je cherchais autour de moi ces éléments qui définissaient à mes yeux la vie (…). Le passé s’ouvrait comme une immense voie, source et foyer du présent qui nous échappait. »

        De Saint-Marc à San Trovaso

        Ce petit livre flamboyant n’est ni un carnet de voyage (les apparences sont trompeuses) ni un journal. Encore moins un recueil de notes (dialogues, rencontres, impressions) que lierait seule la passion de Venise. C’est un poème en prose sur un «avant-poste de l’Empire romain d’Orient» où la métaphore s’incarne encore. Brussell voit en Saint-Marc un possible «centre métabolique» aux Trois Rome : la basilique «recueille en elle le choeur de toutes les voix de Sainte-Sophie, de Saint-Pierre et de Saint-Basile.» Cette trinité imparable commande les étapes de la promenade du poète et organise ses lectures (Gasparo Gozzi, Stendhal, Joseph Brodsky, John Ruskin, Lord Byron…).

        A la paroisse San Trovaso, le prêtre, après l’office, lui parle de la fête de la Madonna della Salute –fête qui célèbre aussi la présentation de Jésus au Temple. Au palais Zénobio, une amie russe lui donne à lire une note du métropolite Antoine Bloom(1914-2003)–«La mort a été avalée dans la victoire » –, citation de l’apôtre Paul paraphrasant la prophétie d’Isaïe. Depuis le campo Santo Stefano, il observe la lune qui «se réfugie dans les nuages comme dans le turban d’Allah».

        Parfois, le poète s’adresse à lui-même. C’est pour livrer, avec plus de force, le secret de Venise à son lecteur : «Déjà tu as vécu les mille vies de ce chat qui vient à ta rencontre. Rien ne t’est étranger ici, ta vie est ancrée là: les mots retournés dans la bouche comme une chique, les bruits de pas sur le quai, dans l’escalier, la lumière qui vient caresser l’eau et la pierre – chaque son, chaque image de la vie locale te murmure que tu as trouvé un havre dans le mot “retour”. » Ce retour de Samuel Brussell à Venise tient de la conversion.
       


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