Le programme complet de la 69e Mostra est publié sur le site de la Biennale
Venezia 69 : Concorso internazionale di lungometraggi in prima mondiale (17 films)
Fuori concorso : Opere firmate da autori di importanza riconosciuta (23 films)
Orrizonti : Le nuove correnti del cinema mondiale (33 films)
«80!» : Sezione retrospettiva di film rari provenienti dall’Archivio Storico della Biennale (10 films)
Venezia Classici : Selezione di film classici restaurati e di documentari sul cinema (29 films)
Un article du critique français Jacques Mandelbaum, explique dans Le Monde les changements et les choix pour 2012 du directeur, Alberto Barbera, qui remplace Marco Müller.
Titre : Régime frugal pour La Mostra. Alberto Barbera a dévoilé la programmation du festival de Venise, dont il reprend les rênes
On avait quitté la Mostra de cinéma de Venise, en septembre 2011, sur un fort sentiment d’incertitude. Le maintien de son directeur artistique Marco Müller, arrivé au terme de son deuxième mandat. Le destin des travaux du nouveau Palais censé résoudre la faiblesse de l’infrastructure vénitienne. La possibilité de relancer un marché du film digne de ce nom. Les trois questions étaient intimement liées, le bouillant Marco Müller subordonnant son éventuelle prolongation à la mise en oeuvre d’une politique structurelle qui donne au festival les moyens de ses ambitions.
Le terrain s’est aujourd’hui éclairci. La construction du nouveau Palais (30 millions d’euros dilapidés) est définitivement arrêtée, au profit d’un réaménagement des structures existantes. Le pari d’un marché du film, fût-il relativement modeste, est même annoncé. Marco Müller est quant à lui parti vers d’autres horizons, pas si lointains, puisqu’il prend la direction du festival de Rome, manifestation rivale qui n’aura guère fait ses preuves jusqu’à présent. Il revient donc à son successeur vénitien, Alberto Barbera, une tâche délicate.
Rendre d’abord crédible la Mostra comme destination professionnelle efficace et abordable, ce qui n’est pas gagné d’avance. La maintenir ensuite au niveau d’excellence artistique où l’a porté durant huit ans Marco Müller. Sur ce dernier point, Alberto Barbera, 52 ans, homme de goût, ex-critique de cinéma, ex-directeur du festival de Turin et ex-délégué artistique de cette même Mostra de 2002 à 2006, a quelques arguments à faire valoir. Sa sélection, rendue publique jeudi 26 juillet à Rome, permet de donner un avant-goût des opérations artistiques qui auront lieu sur la Lagune du 29 août au 8septembre prochains.
«Le thème principal de cette Mostra sera la crise économique actuelle, mais aussi la crise de valeurs, ainsi que celle des rapports humains et sociaux», a précisé le directeur artistique en conférence de presse. Frugalité raccord avec la teneur des films programmés ou simple coïncidence? La compétition officielle ne comptera en tout cas que dix-huit films, dans le cadre d’une cure d’amaigrissement qui rompt avec la tendance boulimique observée dans les festivals ces dernières années.
Parmi ceux-ci, quatre gros atouts: To the Wonder, de Terrence Malick, Passion, de Brian de Palma, Bella Addormenta, de Marco Bellocchio, et Outrage Beyond, de Takeshi Kitano. Le premier signe le retour d’un génie parcimonieux du cinéma américain, un an après la palme d’or attribuée à The Tree of Life à Cannes. Le deuxième est le remake, par un virtuose énervé et adulé, de Crime d’amour, polar pervers et dernier film réalisé par le regretté Alain Corneau avant sa mort en 2010. Le troisième est un film sur l’euthanasie inspiré d’un fait divers, réalisé par le plus grand cinéaste italien vivant. Le quatrième marque le retour du plus aimé des cinéastes nippons, Takeshi Kitano, qui donne ici une suite à son dernier film, Outrage (2010). De quoi faire oublier l’absence du nouvel opus, très attendu, de l’Américain James Gray.
Autour de ces étoiles, la compétition – traditionnellement dominée par les films américains (quatre représentants avec Ramin Bahrani et Harmony Korin) – présente deux autres films italiens (E Stato il Figlio, de Daniele Cipri, et Un Giorno Speciale, de Francesca Comencini), et deux titres français (Après mai, d’Olivier Assayas, et Superstar, de Xavier Giannoli). Le cinéma hexagonal, nettement moins représenté qu’à l’ordinaire, s’affichera par ailleurs à travers les films de Jean-Pierre Améris (L’Homme qui rit), Pascal Bonitzer (Cherchez Hortense) ou Solveig Anspach (Queen of Montreuil).
Un festival ne se résumant pas à sa compétition, il faudra encore ouvrir l’oeil sur la présence de messieurs Robert Redford, Spike Lee, Amos Gitaï, Koji Wakamatsu, Wang Bing ou, le plus sémillant d’entre tous, Manoel de Oliveira, qui présente à 104 ans son nouveau film, O Gebo e a sombra, en sélection officielle, hors compétition. Du côté des sections parallèles, on notera, aux Journées des auteurs, le passage à la réalisation de l’actrice palestinienne Hiam Abbas (Héritage) ou le retour de Vincenzo Marra (Il Gemello), l’un des réalisateurs italiens les plus prometteurs de ces dernières années.
Il reviendra enfin à un grande figure du polar contemporain, Michael Mann, de désigner avec le jury qu’il préside –parmi lequel l’actrice Laetitia Casta et le réalisateur Matteo Garrone– les impétrants qui rugiront de joie à l’annonce du palmarès léonin qui se prodigue en ces lieux.
Jacques Mandelbaum
Le Monde du samedi 28 juillet 2012, p. 18.
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