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Venise, récit d’un naufrage annoncé



Venise dévorée par les paquebots

La cité italienne ne résiste plus à l’afflux grandissant des touristes que déversent chaque jour les monstre des mers


Article publié dans Le Monde samedi 6 février p. 16


Derrière la carte postale, le rêve se fissure », c’est par ces mots que Linda Bendali ouvre, dans l’urgence, son documentaire sur Venise. La Sérénissime est mise en danger par les 28 millions de touristes qui arrivent à bord des monstres des mers paradant devant la place Saint-Marc. Venise est ce joyau italien de 6 km2, composé de 118 îlots et 177 canaux, réunis par 400 ponts, hérissé de palais gothiques et Renaissance mâtinés d’Orient, couvents et églises, restés dans leur jus.

Classée Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, la cité bâtie sur pilotis est menacée par ce tourisme de masse déversé chaque semaine par trente paquebots de croisière – 300 m de long, 32 m de large, 60 m de haut – qui font escale au bout du Grand Canal. Provoquant un déplacement d’eau qui a « un effet de pompe sur les vases jusqu’à faire trembler la basilique Saint-Marc », comme le faisait déjà remarquer, en 2012, au Monde, l’ancien maire Giorgio Orsoni.

La première scène fait frémir : on assiste au demi-tour qu’effectue une de ces villes flottantes devant la place Saint-Marc, pour le seul plaisir des milliers de touristes à son bord. On imagine alors une catastrophe, devant les façades dentelées, minuscules face au monstre qui n’en ferait qu’une bouchée. Un scénario catastrophe rappelant l’accident d’un conteneur dans le port de Gênes, en 2013.

Dégradations irrémédiables

La petite ville de 56 000 habitants souffre de recevoir tant de monde, et les dégradations sont irrémédiables, comme le montre le documentaire. Le Grand Canal est devenu une autoroute embouteillée par les vaporettos, bateaux à moteur, taxis et gondoles ; lesquels provoquent des ressacs calamiteux pour les palais, dont les fondations de pierre ou de brique sont peu à peu rongées par le sel. Sans compter les 30 000 tonnes de déchets par bateau à évacuer !

Ce tourisme fournit 30 000 emplois directs, dit le commentaire, mais ne laisse rien, ou si peu aux commerçants. Les échoppes traditionnelles ferment les unes après les autres, laissant la place aux boutiques de souvenirs, made in China, qui écoulent de la bimbeloterie à 5 euros. Le verre soufflé, prétendument de Murano, provient, à 80 %, d’Europe, éventuellement d’Italie, mais pas de la lagune.

Linda Bendali donne la parole aux Vénitiens, militants en barques à rames, mais aussi aux libraires, guides, conseillers municipaux, artisans et commerçants. Dépités, tous tiennent le même discours. Ils refusent de voir leur cité transformée en parc d’attractions, une ville fantôme vidée de ses habitants. Et veulent redonner à Venise une dimension humaine. Parmi leur combat : la sauvegarde du dernier hôpital menacé : « Fermer un hôpital, c’est condamner à mort la population », affirme Matteo Secchi, du collectif Venessia. com, en commentant le convoi funèbre fictif mis en scène pour se faire entendre.

« Sauver Venise », l’enjeu n’est pas nouveau. Mais plus la situation s’aggrave, plus nombreux sont ceux qui crient au loup sans que rien ne change. Le documentaire met une nouvelle fois l’accent sur l’urgence. La mesure limitant le tonnage des paquebots à la lagune, à 40 000 tonneaux, selon une directive du gouvernement italien, n’a jamais été appliquée : ils sont deux à trois fois plus puissants. En octobre 2015, une mission de l’Unesco « pri[a] instamment l’Etat italien, avec un document légal, d’interdire l’accès à la lagune aux gros navires et aux cargos ».

Florence Evin

Venise, récit d’un naufrage annoncé,
documentaire de Linda Bendali
(Fr. 2016, 50 min.)





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